Éoliennes en mer : le promoteur en pas de deux avec le tourisme du littoral

Il faut imaginer… 62 éoliennes avec des mâts fins et blancs qui pousseront le haut des leurs pales à 210 mètres au dessus du niveau de la mer. Elles seront visibles du Tréport, pas seulement par temps clair. Du cœur de la baie de Somme, en revanche, elles seront souvent noyées dans la brume et plus difficilement perceptibles. 25 à 27 kilomètres sépareront le Hourdel ou le belvédère du Marquenterre des premiers mâts du parc.

En baie de Somme, sur la côte picarde, le paysage est un bien précieux. Son côté sauvage et préservé est un atout, un attrait majeur, le moteur d’une économie touristique essentielle à l’équilibre d’un littoral dépourvu d’industrie.

Baie de Somme, vue depuis les dunes du Crotoy
Baie de Somme, vue depuis les dunes du Crotoy

Sans surprise, les acteurs locaux du tourisme envisagent avec interrogation le projet de parc éolien en mer au large du Tréport. Leur inquiétude fut fortement exprimée lors du débat public qui s’est tenu d’avril à juillet 2015. Le porteur de projet, la société Éoliennes en mer-Dieppe le Tréport*, a écouté et promis de prendre en compte ces interrogations. Premier retour de promesse : le maître d’ouvrage organise, mardi 3 mai, à Neuville-les-Dieppe, un Atelier-rencontre qu’il souhaite porteur d’apaisement et d’ambitions. Intitulé « Le projet et le tourisme », il s’articulera en deux sessions de 15 h à 20h pour laisser aux professionnels le choix d’un horaire qui leur convienne.

Atelier "Le projet et le tourisme". Éoliennes en mer Dieppe Le Tréport
Atelier « Le projet et le tourisme ». Éoliennes en mer Dieppe Le Tréport

« L’idée, explique Christophe Leblanc, responsable de l’équipe locale, est de mettre tout le monde autour d’une table : équipe locale du projet et acteurs touristiques. Pour travailler tous ensemble sur des actions à mettre en place pour faire de ce projet une opportunité pour le territoire et en réduire les impacts.. » Un cabinet, Vues sur mer, spécialisé dans les études d’aménagement du territoire apportera ses compétences techniques à la séance de travail. « L’objectif de cette rencontre, ajoute-t-il, est d’identifier, en concertation avec les professionnels du tourisme,  les leviers à activer, de faire émerger des projets, des actions et pourquoi pas les accompagner dans leurs démarches. »

 

En France, aucun des parcs éoliens en mer n’a encore vu le jour, tous sont en phase d’élaboration. Les premières installations démarreront en 2018, à Fécamp et Courseulles-sur-Mer. Au Tréport, ce serait pour 2021. D’autres pays européens sont beaucoup plus avancés : le Royaume-Uni est leader dans le monde avec 53 % de la puissance installée. Le Danemark est celui qui a la plus longue expérience : les premières éoliennes en mer y ont été implantées en 1991.

Le Tréport, port de pêche
Le Tréport, port de pêche

Pour ce qui concerne l’acceptation des parcs et leur intégration dans le paysage et l ‘économie touristique, « les retours d’expérience que nous avons sont plutôt positifs, ajoute Christophe Leblanc. Là-bas, au delà du premier effet de curiosité qui fonctionne les deux ou trois premières années, l’expérience montre que les acteurs ont intégré les parcs éoliens, changé leurs axes de communication et de développement pour avoir une image plus en accord avec un développement durable. »

 

Sur les points d’achoppement, le maître d’ouvrage souligne les avancées possibles : « Lors du débat public, les participants s’inquiétaient de l’effet guirlande lumineuse, poursuit Christophe Leblanc. Nous sommes actuellement en discussion avec l’Etat pour faire évoluer la réglementation ce sujet . Par exemple des balises lumineuses installées à certains endroits du parc seulement plutôt que sur chaque éolienne, ou dirigées en cônes vers le ciel pour être visibles en avion mais discrètes depuis le sol. »

 

Port du Tréport, chalutiers
Port du Tréport, chalutiers

Dernier point et non des moindres, la discussion avec les pêcheurs. Toujours vent debout contre le projet, ils mènent campagne pour qu’il soit purement et simplement abandonné, craignant que l’État ne leur interdise tout type de pêche sur les 91 kilomètres carrés de la surface d’un parc situé à 15 kilomètres de la côte, en face du port du Tréport. Pour nombre d’acteurs touristiques, l’avenir de la pêche est étroitement lié à cette activité : va-et-vient des chalutiers et débarquement de poissons frais, au Tréport ou au Hourdel font partie intégrante des attraits du littoral. Là encore, le porteur de projet assure que rien n’est fermé : la Préfecture maritime aurait confirmé que les activités de pêche seraient autorisées et des discussions sont en cours pour mieux adapter le câblage et l’implantation des éoliennes aux pratiques de pêche, de manière à rendre le parc accessible aux chalutiers.

Une deuxième séance d’ateliers tourisme, réunissant les mêmes participants, est prévue. Elle se tiendrait à l’automne 2016, au Tréport ou Mers les Bains.

 

*Le maître d’ouvrage : la société Éoliennes en mer Dieppe le Tréport a pour actionnaire Engie (47%), EDP Renewable (43%), Neoen Marine (10%).

 

Pour avoir une idée de l’impact visuel du parc depuis le Hourdel, le Tréport, la Maye ou le Marquenterre : rendez-vous sur le site Éoliennes en Mer Dieppe Le Tréport, ici. 

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